Émancipation des femmes en Afrique : d’un pays à un autre, les réalités se recoupent

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En ce 21ème siècle, l’émancipation des femmes n’est plus une nouvelle, c’est une réalité. En Afrique, l’émancipation se fait sentir par la multiplication des féministes, des femmes cheffes d’entreprises, des femmes aux postes de prise de décision, des femmes qui font des boulots longtemps réservés aux hommes. Cependant, la réalité montre qu’il y a du chemin à faire dans le continent, pour au moins atteindre les 50% dans tous les domaines. De la Guinée au Cameroun en passant par le Mali, la Cote d’Ivoire, le Niger et le Cap-Vert, des femmes journalistes nous parlent ici de l’émancipation des femmes des leurs différents pays.

Si en Guinée les femmes représentent près de 52 % de la population, elles restent moins présentes dans les instances de prise de décision. En 2013, à l’assemblée nationale, elles n’ont obtenu que 25 sièges dont 21,9%, sur 114. En juin 2018, lors du dernier grand remaniement ministériel, elles n’ont eu que 4 places sur 33 ministères, donc 12%. La loi sur la parité entre homme et femme pour l’accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans les institutions publiques,  a été votée et adoptée à l’unanimité par l’assemblée nationale en mai 2019. La même année, le code civile qui  permet aux femmes de choisir le régime du mariage, qui leur donne la possibilité de travailler sans demander l’autorisation à leur époux, qui instaure le partage de l’autorité parentale en cas de divorce a été aussi adoptée. Il faut noter que récemment, le président Alpha Condé a joué une politique qui est de mettre des femmes à côté des ministres, en tant que cheffes de cabinet.

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Au Cap-Vert, « il y a un travail très très intense en ce qui concerne l’émancipation de la femme, à lui donner des droits politiques surtout. Les autres droits, comme l’éducation la santé, on est en avance, je ne dirai pas à 100%, mais le droit politique il faut encore faire une lutte plus systématique. Il y a quelques mois, sous pression, le parlement capverdien a voté une loi qu’on appelle la loi de la parité, » affirme  Leonela Borges de la Télévision du Cap-Vert TCV.

Mame Diarra Diop journaliste à la radio des Nations Unies au Mali, affirme que « les femmes maliennes se battent beaucoup pour être autonomes. Aujourd’hui j’observe deux tendances, il y a d’abord ces femmes qui sont dans les campagnes, les femmes rurales qui nourrissent des familles entières, qui travaillent la terre, qui se regroupent en coopératives. Ces femmes-là, elles se battent au quotidien pour survivre, celles-là ce sont des femmes autonomes. Il y a aussi les femmes citadines, qui sont dans la vie moderne, qui se battent pour s’épanouir dans leur métier au quotidien. Celles-là sont confrontées à beaucoup de choses, à la tradition, le regard de la société. Dans tout ça il faut trouver sa place et pour s’imposer il faut qu’elles se donnent trois fois de plus. Au Mali les femmes représentent de plus de 50% de la population donc on ne peut pas se passer d’elles ».

Satisfaite de l’émancipation des femmes au Cameroun, la journaliste freelance Christelle Ngaleu Woukogou estime que les femmes ont juste besoin d’aide pour faire mieux. « Pendant longtemps la femme a toujours été renvoyée au second rôle, mais aujourd’hui les femmes africaines se démarquent, elles sont très scolarisées. Elles sont battantes, entreprenantes,  intelligentes, elles ont un mot à dire, donc on devrait la prendre un peu plus en compte. Dans mon pays au Cameroun, il y a des femmes avec 10.000 FCFA, qui nourrissent des familles pendant un mois avec cette somme. Elles achètent des petits trucs qu’elles revendent et avec cet argent, elles arrivent à prendre en charge le mari et les enfants. Des femmes comme celles-là, ont juste besoin d’un petit coup de pouce, » dit-elle.

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Au Niger, un peu à l’image de la Guinée et de beaucoup d’autres pays africains, les femmes ont compris qu’il faut se mettre ensemble pour avancer. « Il y a de nos jours une grande prise de conscience des femmes. Elles essaient de s’organiser en associations, groupements et ou fédérations pour parler d’une même voix et défendre le statut de la femme. On note des avancées  en matière de la promotion de la femme notamment la LPI sur le quota, une loi qui a vu l’accès de certaines femmes qui étaient méconnues à un certain moment, accéder à des grands postes de responsabilité aussi bien nominatifs qu’électifs. Elle a été rehaussée en début d année lors du Conseil des ministres, ce qui fait 30% des postes nominatifs et 25% pour des postes électifs  Cette loi est d’ailleurs contestée car les femmes nigériennes, veulent aller vers la parité, surtout qu’elles représentent 52% de la population. Il y a aussi la politique nationale du genre révisée en 2017, l’adoption portant  sur la protection, le soutien et l’accompagnement de la jeune fille en milieu scolaire, la stratégie de l’autonomisation économique de la femme pour ne citer que ceux-là, » affirme Aissa Abdoulaye Alfary journaliste cheffe desk culture à Sahel Quotidien.

Pour Aissa, chaque femme doit mener le combat au quotidien pour faire de l’émancipation de la femme une réalité. « Il y a des vraies femmes modèles et celles-ci doivent servir d’exemples aux générations futures, » exhorte-t-elle.

En Cote d’Ivoire, il y a eu une avancée, « bien que lente, au niveau de l’émancipation de la femme en ce qui concerne la législation. Cela se démontre à travers l’inclusion de certaines lois en faveur de la femme. Il s’agit par exemple de la loi de la cogestion votée en 2013, de la loi contre le viol, qui  puni le violeur à une peine de 5 à 20 ans. Il y a aussi  cette loi votée en 2019 qui impose aux partis politiques d’inclure 30% de femmes sur leur liste. 2020 étant une année électorale, nous attendons de voir l’application de cette loi. En effet il semble y avoir un écart entre la réalité sur le terrain, la vie courante et la législation, au regard de l’application de plusieurs lois votées.» Dixit Sora Yago-Boli directrice de Voxafrica.

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Les lois votées et adoptées dans ces différents pays, à l’image de beaucoup d’autres du continent et la réalité sur le terrain, prouvent à suffisance que l’émancipation des femmes est un sujet qui semble préoccuper les pouvoirs publics, mais que les femmes doivent encore rester débout.

Aminata Diallo

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