Le mariage précoce et forcé : perspective islamique et explication sociologique

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Un phénomène qui est bien vivant mais en Guinée, on aime trop parler de politique des politicards et laisser les sujets poignants. Ce problème de mariage précoce et de celui forcé est plus du côté des jeunes filles, cette couche fragile de la société guinéenne est laissée pour compte. Elle ressemble en réalité à une horde destinée à être sous la manipulation d’une autorité masculine lâchement établie. Le hic est que certaines femmes sont conscientes de leurs conditions mais restent bouches cousues, elles valident les stéréotypes.

mariage-precoce-dessin
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D’abord, la première perspective est claire, l’Islam condamne le mariage forcé. Selon Abou Houreira, le Prophéte (bdsl) a dit : ‘’Le mariage de la veuve ne peut se conclure avant son consentement et la jeune fille ne peut être mariée sans avoir exprimé son avis’’. Cela veut dire que tout mariage construit sur le non consentement d’un des deux est nul et non effet et donc toute progéniture qui adviendra n’est pas légale, car le mariage lui-même ne respecte pas un des principes majeurs qui est le consentement des deux partis. C’est clairement indiqué par le coran ces principes. « Parmi ses signes, IL a crée de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et IL a mis entre vous de l’affection et de la bonté… » (sourate30 verset21).

Considérons seulement les termes « tranquillité, affection et bonté ». Ces termes ne peuvent pas être d’un parti mais plutôt des deux partis. Si le mariage est précoce, donc, la fille est naïve, son consentement peut provenir du respect qu’elle a pour ses parents et pas forcément de son cœur et si elle est mature et qu’elle soit forcée, comme c’est dit ci-haut, le mariage a un effet nul selon l’Islam.

                                                             

                                                               La peur de désobéir aux parents

Cette tradition trop égoïste est de fois confondue aux pratiques religieuses alors qu’elles sont dans la plupart des cas catégoriquement opposées.  Donner sa fille à tel ou tel pour un intérêt personnel est une manière de détruire la vie de sa fille d’une manière cynique. On a été élevé de telle sorte que désobéir aux parents est un tabou. Je parle là d’une désobéissance légitime et non d’une insolence dérivant d’un manque d’éducation qui est axée sur des revendications fantaisiste et illégitime.

C’est bien de s’opposer sur certains points à ses parents mais il est meilleur de s’opposer d’une manière intelligible. Ce n’est pas du tout bon de dire « oui », quand on sait que ce que l’on a dans la poitrine est tout le contraire. C’est bien de dire « non », mais il faut savoir l’expliquer. Aux parents encore d’être compréhensifs et de ne point penser que quiconque soulève des questions sur le mariage précoce ou forcé est d’orientation occidentaliste. D’ailleurs, une fille qui étudie bien avant de se marier est un atout et pour le mari et pour les deux familles, je ne parle pas là des gens qui ont étudié et épousé une pensée occidentaliste extrémiste au point de nier les valeurs africaines. En plus, ces phénomènes ne relèvent en aucun cas d’une valeur, c’est plutôt des irrégularités que nous devons éradiquer.

 

mariage precoce
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Des conflits générationnels sur l’entente entre les deux conjoints : les goûts, les préférences,…

Une petite fille et un vieux, ça ne colle pas ou encore une fille immature et un mature, ça ne colle du tout pas. Le problème est que quand tu penses loin, elle pense petit ou quand elle pense oisive, tu penses sagesse. Il y a un conflit qui fera du mariage établit dans une disproportion générationnelle invivable. Si tu n’as jamais vu un imam faire une fatwa pour légaliser les cheveux artificiels ou les habits courts, attends-toi qu’il se marie avec une mineure, toutes ces pratiques qu’il défendait, il peut en renoncer pour le simple fait de satisfaire cette fille qui n’a pas le même goût que lui et qui a des préférences différentes. Voyons cet écart d’âge !

Pour moi, c’est un grand problème, car souvent les gens forcés à se marier finissent par divorcer ou d’autres trainent leurs maris têtus chaque jour dans les difficultés. Les femmes sont nombreuses et celles qui veulent se marier sont plus que celles qui ne veulent pas, alors pourquoi forcer une qui dit ne pas être prête ou qui ne veut pas de celui dont on le présente ? Cela est de l’hypocrisie, d’autres se défendent en disant : « avant là, nous ; nous n’avons jamais vu nos maris », c’est bien comme vous, vous avez pu supporter cela et si cette nouvelle génération ne supporte pas cela, ne la forcez pas en essayant de les barricader la raison avec de fausses informations.

Quand le mari veut aller à la Mosquée sa femme veut aller en boite, cela envoie tout de suite un conflit qui peut déboucher à des coups de fouet. C’est pourquoi, il faut se marier à « sa sorte », se marier à sa sorte signifie se marier à quelqu’un qui nous ressemble.

                   Pour moi, il faut appeler ce phénomène de l’exploitation sexuelle

Cela n’est ni un mariage forcé ou précoce mais de l’exploitation pure et dure. Le premier au nom d’une gérontocratie et d’un respect bancal et le second profite de l’immaturité. Tous ces deux impactent considérablement le développement personnel de la jeune fille. Et cette condition, beaucoup de filles sont confrontées et continuent d’être confrontées, car sans la moindre crainte, des gens pratiquent ces types de mariages. La plupart des mariages forcés n’arrangent que les parents, ils vendent littéralement leurs enfants aux plus offrants, ils se fichent pas mal du bien être physique et moral de ces jeunes qui auront plus tard une vie adulte misérable.

Aucune tradition, aucune religion n’approuvent le mariage forcé, ce n’est que des individualités qui ont érigé cela en pratique traditionnelle. Le 18 décembre 1979 à l’Assemblée générale des Nations Unies lors de la signature de la CEDAW (Convention sur l’Elimination de toutes formes de Discriminations à l’égard des Femmes) 90 pourcent des Etats membres de L’ONU ont signé ce traité s’engageant à respecter tous les termes y compris l’article 16 affirmant la liberté de choix du conjoint. Ce qui reste à savoir est : est-ce que ces Etats veillent sur le respect des conventions qu’ils ont ratifié ?

Par ailleurs, l’évolution des mentalités sur ces phénomènes est lente. Il faut encore beaucoup d’efforts pour faire admettre à ceux qui pratiquent ces ignominies qu’ils ont tort. On a besoin de changer et de faire changer, d’ajuster nos esprits en épousant tout ce qui est bien tout en gardant notre originalité. Laisser les filles faire leur choix est meilleur comme cela, elles ne reviendront pas chez toi pour dire « Papa, c’est toi qui l’a choisi ou Maman, c’est toi qui l’a choisi », elles ont fait leurs choix, alors elles pourront assumer les conséquences, le contraire est tout simplement une dictature masquée par un respect parental absolu. Il est à reconnaitre que chez nous, il y a des tabous malhonnêtes!

Le combat pour l’émancipation de la femme est un combat pour le développement de la société dans son entièreté. 

BALDE, Elhadj Ousmane, Sociologue.

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