Mobilisation au Maroc : « Mettre une robe n’est pas un crime »

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Deux jeunes femmes en jupe ont été victimes de harcèlement le 16 juin près d’Agadir. Elles risquent pourtant d’être jugées pour « atteinte aux mœurs ». Selon lesnouvellesnews.fr, l’indignation après avoir grandi sur internet, gagne la rue.

« Ceci est une atteinte aux libertés individuelles et aux Droit de l’Homme ! », lit-on dans la pétition adressée au ministre de la Justice et des Libertés marocain, El Mostafa Ramid. Ses auteures entendent créer « une vague de mobilisation telle que El Mostafa Ramid sera obligé de prendre position pour leur libération, la condamnation des agresseurs et le droit de toutes les Marocaines à la liberté et à la sécurité quelle que soit leur tenue ». Une semaine après la mise en ligne de la pétition, le nombre de signatures grimpe et approche les 20 000, alors que la « vague de mobilisation » prend de l’ampleur.

casablancaA Rabat et à Casablanca, des manifestations en soutien aux deux femmes poursuivies ont eu lieu dimanche 28 juin à coups de slogans bien placés : « La sécurité dans l’espace public est un droit », « Assez de violence envers les femmes », « Non au gouvernement rétrograde de Benkirane » (en référence au nom du Premier ministre islamiste ». L’AFP a compté plus de 500 manifestants à Casablanca et environ 300 devant le Parlement à Rabat, après un premier rassemblement à Agadir.

Pour rappel, les jeunes femmes, âgées de 19 et 23 ans, ont été victimes de harcèlement le 16 juin dans le souk d’Inezgane, près d’Agadir, à cause de leur tenue vestimentaire : des mini-jupes et des tee-shirts. Un commerçant les a accueillies dans sa boutique pour les protéger. Selon leur avocat, interviewé par le magazine Illi, elles ont d’abord « pensé que les officiers de police étaient venus les chercher pour les aider à quitter le marché », avant qu’on leur indique qu’elles étaient maintenues en garde-à-vue 48h pour « atteinte aux moeurs ». Elles risquent jusqu’à deux ans de prison.

L’affaire, renommée « affaire Inezgane », a pris une ampleur nouvelle en plein ramadan. « La Constitution marocaine [depuis 2011, NDLR] est très claire : l’homme et la femme jouissent des mêmes droits et des mêmes libertés. Le Maroc est également signataire de conventions internationales qui garantissent les libertés individuelles et collectives. Ces gens qui ont hurlé au haram à Inezgane voudraient nous plonger dans une autre ère préhistorique et ces autorités qui ont incarcéré deux jeunes femmes à cause de leurs tenues voudraient dupliquer le modèle de l’Arabie Saoudite chez nous ! », s’indigne Houcine Bekkar Sbai, l’avocat des femmes.

Plusieurs femmes (et hommes) ont publié sur les réseaux sociaux, en soutien aux victimes, des photos d’eux/d’elles en jupe ou robe suivi du hashtag #mettreunerobenestpasuncrime. Le procès, prévu pour le 6 juillet, intervient dans un contexte social très tendu au Maroc notamment après la question en une de Maroc Hebdo – « Faut-il brûler les homos ? » – et l’arrestation (encore à Agadir) d’homosexuels et travestis pour « homosexualité » et « outrage public aux mœurs ».

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