Un  8 mars agité en Guinée: les femmes en ont-elles marre ou ont-elles compris?

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Si pour commémorer  le 8 mars cette année, le thème de l’ONU est « l’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes », la Guinée a pour sous-thème « Défis et opportunités offerts aux femmes rurales pour être autonomes ». Mais l’actualité a plutôt connu des mouvements de femmes frustrées partout à Conakry. Dans la rue, au palais du peuple et même dans des débats radiophoniques et conférences débats, les femmes guinéennes ont  dénoncés les violences faites aux femmes mais surtout la crise que traverse le pays, notamment la fermeture des classes.

Femmes en Action
Femmes en Action

Femmes en Action, un mouvement né depuis quelques jours à l’issu de la mort de trois femmes guinéennes, qui sont tombées sous les coups de leurs époux, ont préféré se rendre à la fête organisée par le ministère de tutelle au Palais de Peuple, mais ont sitôt été empêchées de rester dans l’esplanade.

Le colonel Balla Samoura, après un défilé de ces femmes qui avaient des pancartes et t-shirts, où il y avait les photos de Mariama Kallo, Oumou Tabara et Aicha Touré, toutes victimes de leurs époux qui ont fini par ôter leur vie, des t-shirts où on pouvait lire au dos « stop à la violence faite aux femmes« , leur demande de quitter le palais ou se débarrasser de leurs tenues et pancartes.

Selon lui les messages qu’elles véhiculent n’étaient pas conformes au thème de la fête. Frustrées, choquées et même malades, elles ont fini par libérer le palais après des heures de négociations pour lire leur discours, mais en vain. Selon l’une d’elles « nous avons quand même défilé, on nous a vu, les médias nous ont pris et nos messages sont passés car ils nous ont interpellés, mais le meilleur reste à venir, nous nous n’arrêterons pas là, c’est notre coup d’envoi aujourd’hui ».

Jeunes filles leaders de Guinée
Jeunes filles leaders de Guinée

De l’autre côté de la ville, des femmes et filles ont pris les rues, pour dénoncer, et le fait que leurs enfants ne partent pas à l’école depuis près d’un mois, à cause de la grève des syndicats de l’enseignement qui revendiquent l’augmentation des salaires des enseignants, mais aussi contre les violences basées sur le genre.

« Je suis très déçue des représentants du peuple. C’est au peuple de Guinée j’adresse mes mots alarmants. Pour nos cris de cœur, on dit journée internationale des droits de la femme, moi je vous dirais que cette journée fut une journée de désespoir total. Nous filles leaders de Guinée avons souhaitées organiser un carnaval, objectif « réclamer nos droits en tant que filles, pour enfin mettre fin aux violences basées sur le genre (VBG) ». Déçue du gouverneur de la ville de Conakry, des femmes qui nous ont empêchés depuis le palais d’effectuer ce carnaval, vous êtes corrompus. Déçue du ministère de la sécurité, les policiers nous ont jeté des gaz lacrymogènes, ils ont voulus mettre fin à notre vie ce soir.
Pourquoi vous nous avez frustrées?  » écrit Simone Lamah sur son compte Facebook.

Dans les radios, les femmes journalistes avaient monopolisées les ondes avec leurs invitées en studio ou par appels téléphoniques. Sur Espace FM, elles ont dénoncé « la mamaya » la danse qui se fait chaque année au palais du peuple, même si certaines journalistes et invitées soutiennent la pratique tout en ajoutant que la danse doit être accompagnée d’actions concrètes.

    Activité du Collectif GuineenneDu21eSActivité du Collectif GuineenneDu21eS

Le collectif Guinéenne du 21e Siècle avait pour sa part organisé une conférence débat qu’il a nommé « consultation nationale, « ce que je propose » ». Des speakers et participant-es ont donc dénoncé, débattu, mais surtout proposé des solutions pour l’épanouissement de la gent féminine en Guinée.  » Que les mamaya cessent pour cette journée« ,  » Sensibiliser en langue nationale (nos mamans et nos papas)« ,
« Que les autres femmes approchent celles qui ne sont pas instruites pour les aider à faire des activités génératrice de revenue »,
« Développer le leadership féminin« , sont là quelques unes des solutions proposées par les participant-es à cette activité du collectif Guinéenne du 21e Siècle.

Un 8 mars qui restera peut être dans les annales de la Guinée, car c’est du jamais vu, sans oublier que des femmes en « soobhi » uniformes, ont hués le président Alpha Condé à la cérémonie du palais du peuple, devant la moitié du gouvernement. Elles aussi revendiquaient  la réouverture des classes en leur manière en scandant des slogans comme « Nos enfants à l’école », « Ne tuez pas nos enfants en les rendant ignorants ».

Aminata Pilimini Diallo

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