Vie conjugale: en Guinée « le prêt nuptial » est toujours pratiqué, c’est le cas de Mlle Cissé

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Mlle Cissé, 23 ans, est couturière dans la ville de Kindia. Elle est fiancée à M. Diaby, son cousin qui vit à Paris. Depuis une semaine, Cissé vit dans la famille de son fiancé. Elle a été  « prêtée » à la famille de ce dernier pour faire la cuisine et le ménage pour ses futurs beaux-parents, tout au long du mois de Ramadan.

« Mes parents m’ont envoyé ici sous la demande de mes beaux-parents. Ils m’ont envoyé pour leur prouver que je suis une fille accomplie, qui sait cuisiner et qui connait son rôle de future épouse. Je dois prouver à ma belle-famille que je suis digne de leur fils, » confie-t-elle.

Chez eux, les Djakhankés, cette pratique est désignée sous l’appellation de « singa » ou « magnon singa« , le prêt nuptial en français.

Pendant un mois, Cissé va s’occuper de préparer les repas, de faire le ménage et les courses de sa future belle-famille, sous la supervision de la mère de son  fiancé. Elle qui n’a jamais été scolarisée, ignore que cette pratique ne respecte pas ses droits.

Elle s’en tient à la coutume. « Chez nous, ça se passe comme ça. Nous pouvons rester jusqu’à 3 mois, voire plus, à tout faire chez nos futures beaux-parents. La belle-mère surveille de près et te remet à ta place à la moindre erreur, parfois de manière déshumanisante.« 

Cette pratique est répandue dans beaucoup de communautés guinéennes. Elle est ce que Chimamanda Adichie, l’auteure nigériane, qualifie de « test de mariabilité » dans son manifeste intitulé « Dear Ijeawale » ou un manifeste pour une « Éducation Féministe« . Une pratique sexiste qui ne reconnaît la féminité à la femme que lorsqu’elle se montre apte à assurer et à assumer une certaine domesticité conjugale au sein de son couple.

Sambassa Sylla

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