4 femmes sur 33 ministres en Guinée: des guinéennes font ici la part des choses

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Samedi dernier, un gouvernement a été formé en Guinée avec Kassory Fofana en tête de 33 ministères, dont 4 pour les femmes. Une répartition qui fait couler beaucoup d’ancre et de salive chez les femmes, même si certaines pensent que les anciennes ministres n’ont peut être pas été à la hauteur.

Gouvernement Youla
Gouvernement Youla

S’il y avait 7 à 6 femmes dans l’ancien gouvernement, ce nouveau à connu la baisse avec 4 femmes dont une nouvelle et 3 reconduites.  La Guinée manquerait-elle de femmes capables ou est ce qu’elles n’ont plus leur place dans les instances de décisions?  Voici ce qu’en pensent quelques guinéennes :

« J’avoue que ça a été une déception, nous sommes les piliers de la société et c’est nous qui enfantons, nous qui transmettons à la jeunesse les vertus cardinales de la société, c’est nous qui sommes au devant des scènes politiques. Par apport aux prises de décisions nous sommes toujours lésées, car nous sommes ralliées au dernier plan. Ce gouvernement il n’y a même pas 15% de femmes, or il y a des talents qui sont là. Pourquoi on ne vient pas vers les femmes ? Pourquoi il n’y a pas de parité dans la répartition des taches? C’est-à-dire nous, nous sommes bien que pour faire le social, ou pour nous utiliser à dresser un combat contre nos époux, nos frères et nos enfants.  Il faut que ça s’arrête, » regrette Mme Aissatou Barry présidente de l’AGUIAS, représentante des lignes d’assistance aux enfants en Afrique.

Elle se demande ce que « font les femmes qui ont piloté le département qui a la charge du genre ? Je me demande quel a été l’impact ? Finalement même à des postes des secrétaires généraux, ou de chef de cabinet, là aussi vous allez voir que les femmes sont très peu. Et aujourd’hui les femmes intellectuelles ça ne maque pas, il y a des talents cachés. Je crois qu’il faut que le président de la république revoie sa façon de faire, car si ce n’étaient les femmes il n’allait pas être au poste où il est.  »

Pour Sayon Bamba, chanteuse et directrice générale de l’Agence Guinéenne de Spectacles, « de 7 à 4, effectivement c’est regrettable, parce que nous savons qu’en Guinée il y a des femmes quand même compétentes, des femmes qui sont diplômées, qui sont sérieuses dans leurs façons de travailler. Maintenant c’est comme si d’une certaine façon on régressait. Mais il faudrait voir au niveau des postes comme secrétaire générale ou cheffe de cabinet, parce qu’il n’y a pas que le poste de ministre qui compte, il faut voir dans le paysage ministériel si la présence des femmes est effective. En tout les cas il faudrait que les femmes se réorganisent, que les diplômées acceptent de se rencontrer un peu plus, qu’on essaye de fédérer, réorganiser, vendre notre image professionnelle, afin d’essayer de remettre la confiance dans tout ça, » a-t-elle conseillé.

Mme Sayon se penche  surtout sur le bilan des femmes qui étaient dans le gouvernement, tout en regrettant leur façon de faire. « Peut être qu’il y a aussi des bilans qui n’étaient pas bons avec les anciennes ministres, effectivement nous on ne veut pas qu’il y ait des femmes pour des femmes, on aimerait qu’il y ait des femmes capables, et je sais qu’en Guinée on a ces femmes. Il y a eu aussi le manque de communication des ministères pilotés par les femmes, je trouve que les hommes font plus d’efforts de communication que les femmes, du coup ça ne nous aide pas ».

Elle croit que cette composition du gouvernement est une sanction et ne désespère pas.  « Il faudrait qu’on tienne compte de cette semi-sanction pour essayer d’améliorer le travail et revenir au devant de la scène. Rien n’est joué hein, le gouvernement est là mais dans 3, 4 mois il peut changer aussi, donc à un moment donné il ne faut pas perdre espoir. Ça peut être une alerte du président qui nous dit les femmes, il y a quelque chose qui ne va pas, là à nous de redresser la barre. »

Une autre femme, plus jeune que les deux premières mais qui a été ambassadrice de la Guinée sur la scène de la beauté internationale, s’est aussi exprimée. « De 7 à 4, j’aimerai comprendre! Quand je pensais que Les femmes commençaient en fin, quoique lentement à prendre la place qui leur ai dû dans la société, en voyant la composition de ce nouveau gouvernement je tombe dans une désillusion totale. Je pense que pour un pouvoir dédié aux femmes et aux jeunes on se sent plutôt lésée, négligée et sous estimée. Sommes nous moins instruites et moins capables de gérer que les hommes? Ou cela est simplement dû au fait que nous soyons des femmes?, » se demande Safiatou Baldé Miss Guinée 2016.

De poursuivre, la Miss aussi parle au président tout en rappelant que la Guinée a des femmes talentueuses. «Certes le président de la république de par son pouvoir discrétionnaire peut nommer qui il veut au poste de ministre sans avoir à se justifier, mais la Guinée entre dans une nouvelle ère. Les guinéennes tant bien que mal se démarquent à tous les niveaux de la vie, alors elles méritent elles aussi d’être équitablement représentées dans les hautes instances de prise de décision. L’Etat nous le doit, le président nous le doit, non pas à cause du simple fait qu’on soit des femmes mais parce qu’on est capable et qu’on représente près de 52% de la population. Loin de m’ériger en victime messieurs, je donne juste mon avis, 4 sur 33 c’est à mes yeux un nombre insignifiant et cela me désole et m’attriste à plus d’un titre. »

À signaler que depuis la formation de ce gouvernement qui n’a pas respecté la parité dans ce monde du 21e siècle, des femmes guinéennes et même certains hommes, crient leurs désarrois sur les réseaux sociaux et dans certains médias.

Aminata Pilimini Diallo

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