Partis politiques en Guinée : place de la femme dans les instances de prises de décisions

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Les femmes représentent 52% de la population guinéenne, elles restent tout de même quasi absentes dans les instances de prise de décision au sein des formations politiques. Elles sont les meilleures animatrices de ces partis, les mieux représentées dans les assemblées générales. Mais lorsqu’il s’agit de décider, ces femmes sont absentes. Pourtant, le code électoral, en son article 129 leur accorde 30% de représentativité.

Cette ‘’erreur’’ dépend de la mise en place des structures des formations politiques de la base au sommet et cela depuis toujours, estime Hadja Aissata Daffé, présidente nationale des femmes de l’Union des Forces Républicaine (UFR), membre du bureau exécutif dudit parti et députée au parlement.

Hadja Aissata Daffé
Hadja Aissata Daffé

« Quand vous prenez la base, il y a un bureau de femmes,  un bureau de jeunes et un tronc central. Mais dans le tronc central, sur les 13 membres, vous ne trouverez qu’une seule dame nommée au poste de présidente des femmes et ce sont deux à trois femmes qui viendront s’ajouter. C’est la même chose au niveau de la section, à la fédération jusqu’au bureau exécutif », a-t-elle expliqué.

L’autre raison est d’ordre psychosocial explique Amadou Diakité sociologue, « La perception faite sur les femmes depuis le bas âge perdure. Malgré les avancées, les femmes se sentent encore sous estimées donc l’effet de la culture joue beaucoup, » dit-il. A cela il ajoute, le manque d’ambition politique des femmes.

MARIE MADELEINE presidente du PEG
MARIE MADELEINE presidente du PEG
Bintou Touré présidente du PGPD
Bintou Touré présidente du PGPD

La présidente de la coalition nationale de Guinée pour le droit et la citoyenneté des femmes (CONAG-DCF), Mme Binta Nabé, pense qu’ « on enfonce ces femmes dans la misère et dans la discrimination tant qu’on a à l’idée qu’elles ne peuvent pas jumeler la  vie professionnelle et familiale ». Par contre elle précise « la cause principale que je peux accepter c’est le fait que les  femmes n’ont pas une autonomisation financière,  car avec une autonomisation financière ces femmes peuvent créer leurs propres formations politiques ou en financer».

Le président de la commission économie, finance, plan et coopération à l’assemblée nationale, l’honorable Michel Kamano, pour sa part dit ceci, « si on prenait les statistiques, il y a une amélioration, mais la faiblesse de la représentativité s’explique par l’arrivée tardive des femmes dans la politique. Les premières femmes qui sont venues en politique ne sont pas des femmes diplômées. Et quand on a demandé aux partis de pouvoir présenter 30% de femmes, il y a eu des partis qui ont eu des difficultés à avoir ce pourcentage de femmes qui soient engagées en politique».

militantes de l'UPR
militantes de l’UPR

La députée de l’UFR confirme ce non respect du quota. Lors des précédentes élections législatives, en tant que porte-parole des femmes des partis politiques de Guinée, en collaboration avec le national démocrate institut (NDI), elle a fait un constat. « Nous avons rendu visite aux Etats majors des partis politiques qui n’ont pas respecté le quota. Ces derniers nous ont dit qu’ils veulent respecter le quota mais où sont ces femmes? Beaucoup de partis avaient respecté mais le positionnement fait défaut. On retrouve les femmes à partir de la 5ème position. Donc il faut que les femmes se forment et acceptent de venir en politique, » conseille Mme Daffé.

La présidente des femmes de l'UFDGet la 2e vice president du parti de lUFDG
La présidente des femmes de l’UFDGet la 2e vice president du parti de lUFDG

Le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache

Avoir la carapace dure, le secret pour exceller dans le milieu, car le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache, martèle honorable Daffé.  « Il faut qu’on profite de la supériorité numérique que nous avons pour nous faire accepter dans ce tourbillon.  Les femmes doivent le comprendre parce que personne d’autre ne va les défendre. Il faut qu’elles viennent en politique pour remédier à ce problème » a-t-elle dit.

Pour arriver à cette parité, les femmes doivent se battre et remplir des préalables. « Même si les hommes ne leurs donnent pas de leur propre chef, ils seront tenus par des engagements», dixit honorable Kamano.

Hadja Rabiatou Serah Diallo
Hadja Rabiatou Serah Diallo

François Lamah sous divisionnaire du chargé de communication à l’assemblée nationale, rappel que sur 175 partis politiques en Guinée, il n’y a pas plus de trois partis qui ont en tête des femmes. « A voir  la liste politique, peu de femmes s’intéressent à la politique, elles disent que ce n’est pas leur affaire. Pour qu’il y ait la parité il faut que les femmes s’intéressent à la politique, il faut qu’elles rivalisent les hommes ».

Hadja Mariama Diallo
Hadja Mariama Diallo

La question de la participation des femmes dans les instances de prise de décision reste entière. Elles restent mobilisées dans différentes ONG de défense des droits de l’homme. Pourtant en politique ; elles peuvent apporter le changement.

Un article réalisé par des journalistes qui ont participé à la formation sur le reportage sensible au genre, du 25 au 27 juillet 2016 à Conakry. Entre autres :

Bangaly Bangoura (radio parlementaire)

Mamadou Aliou Barry (aminata.com)

Aminata Pilimini Diallo (actu-elles.info)

Hadiatou Yaya Sall (love fm)

Mafoudia Bangoura (espace fm/tv)

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