À l’occasion de la 17e édition des 72h du Livre en Guinée, dont le thème mettait à l’honneur « la puissance féminine », plusieurs écrivaines africaines se sont réunies pour célébrer la force des femmes à travers la littérature. Parmi elles, Djeney Siby , écrivaine féministe ivoirienne et militante engagée pour les droits des femmes, a marqué les esprits.
Membre active de la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes depuis 2020, Djeney Siby est également autrice de sept ouvrages, dont quatre qui abordent les violences faites aux femmes. Son roman Moi Maîtresse, publié en 2022, est né de ses expériences de terrain et de son écoute attentive des survivantes.
« Ce qui m’a poussée à écrire sur ce sujet, c’est avant tout mon travail au sein de la Ligue. J’ai accompagné, écouté des survivantes pendant deux ans, et j’ai ressenti le besoin de mettre des mots sur ce qu’elles vivent, pour faire comprendre au monde la réalité de ces violences et comment elles peuvent être prises en charge », explique-t-elle dans une interview accordée à actu-elles.info.
Djeney Siby confie s’être inspirée de ces témoignages pour créer un personnage de fiction, survivante à son tour, à travers laquelle elle entraîne le lecteur dans les méandres psychologiques et émotionnels des femmes victimes de violences conjugales.
« Je me suis exercée à créer un personnage qu’on allait suivre tout au long du livre. Cela permet au lecteur de mieux comprendre les mécanismes en jeu, de rentrer dans la vie d’une survivante. Parce que souvent, même quand on a un proche concerné, on ne comprend pas. Ces femmes ne parlent pas toujours, ou ne savent pas comment exprimer ce qu’elles vivent », souligne-t-elle.
Loin d’être un simple outil de narration, l’écriture est pour elle une forme de militantisme.
« Mon écriture, c’est mon arme. C’est ce que je sais faire et j’ai voulu m’en servir pour contribuer à la lutte. Mes écrits sont engagés, éducatifs, thérapeutiques. Une femme qui vit la violence peut se reconnaître en lisant et savoir quoi faire pour s’en sortir. Un proche peut apprendre comment aider, et même un bourreau peut y voir son comportement mis à nu, ce qui peut le pousser à réfléchir », affirme-t-elle avec conviction.
Djeney Siby tient aussi à adresser un message fort aux femmes victimes : elles ne sont pas seules. Elle les encourage à briser le silence et à demander de l’aide.
« Il y a beaucoup de personnes autour d’elles prêtes à les aider. Elles ne doivent pas se renfermer. La honte doit changer de camp. Ce n’est pas à elles d’avoir honte, ni de se cacher. Bien au contraire, elles doivent parler. Pour contacter la Ligue, c’est simple : nous sommes présentes sur tous les réseaux sociaux et disponibles par téléphone », conclut-elle.
Par son engagement littéraire et militant, Djeney Siby incarne la puissance féminine : celle qui éclaire, qui soutient et qui transforme les douleurs silencieuses en combats collectifs.
Hawa Soumah