Mons: Manifestation pour soutenir la guinéenne Louabatou, menacée d’expulsion

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Ils étaient entre 150 et 200 personnes à s’être réunis pour une marche silencieuse à Mons. Des affiches à l’effigie de Louabatou en mains, des étudiants de l’UMons et de la Haute Ecole Condorcet sont venus manifester leur soutien, ce mercredi.

Comme cette étudiante de Warocqué: « On avait quelques cours en commun. C’est une fille que je connais quand même un peu. Elle ne parlait jamais de son passé. C’est un sujet très sensible que je ne souhaiterais pas partager avec des gens. Si le fait de marcher aujourd’hui peut servir à quelque chose, pour que les choses se passent bien pour elle, pourquoi pas. »

Léna renchérit: « A mon niveau, je ne sais pas faire grand-chose, mais juste marquer mon soutien. Etre là pour elle, je voulais vraiment participer à cette marche. On avait quelques cours en commun et je me suis déjà assise près d’elle et c’est quelqu’un de très sympa et très optimiste. Jamais je n’aurais cru qu’elle avait pu vivre ce genre de choses. Elle a vraiment dû être malheureuse. Je voudrais vraiment être là pour elle« .

louabatou-en-guinee-le-jour-de-son-mariage
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Risque de crime d’honneur

Parmi les sympathisants, il y avait Michèle Waelput, présidente de l’association « Violences et mariages forcés » de Mons: « C’est un cas de mariage forcé quand on épouse un ami de son père de 62 ans, à quinze ans. Mais c’est surtout un risque de crime d’honneur si elle retourne là-bas parce que tous les ingrédients y sont« .

Un cas qui n’est malheureusement pas isolé: « Depuis 6 ans que nous existons, nous avons au moins 34 cas de violences liées à l’honneur et de tentatives de mariages forcés. Ce n’est que la petite partie de l’iceberg. Je pense que énormément de filles sont mariées de force mais nous ne le savons pas. Il y a un chiffre noir à ce sujet, parce qu’elles se taisent. Il y a une omerta sur le sujet puisqu’on leur dit qu’on va les tuer, on leur donne des coups, on les séquestre. Mais maintenant, elles commencent à parler, elles se rebellent, elles savent qu’elles ont des droits. Le but de notre asbl, c’est d’aller dans les écoles pour faire prendre conscience aux professeurs que cela se déroule sous leurs yeux. Ils peuvent voir que la jeune-fille ne travaille plus, est démoralisée, parle d’un retour au pays parfois suspect, ne sait pas faire des études. Elle ne peut jamais sortir, elle ne peut pas aller en voyage scolaire, elle ne peut pas faire de sport en collectivité, elle ne va jamais à la piscine: tout cela devrait nous sensibiliser. Car derrière il y a une famille patriarcale qui va imposer ses lois et un code d’honneur assez strict. Dont le mariage forcé.« 

laoubatou-diallo-belgique
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Recours non suspensif

En ce qui concerne le sort de Louabatou, un recours sera introduit demain par l’avocat de la jeune-fille. Un recours qui n’est pas suspensif. Son expulsion peut du jour au lendemain être effective. Sa famille d’accueil et les amis de Louabatou comptent bien maintenir la pression. Une pétition a rassemblé plus de 8500 signatures, une manifestation est prévue demain devant l’Office des étrangers. La ville de Mons a également marqué son soutien à ses proches, notamment au niveau des démarches administratives. Elle est actuellement détenue au centre fermé de Steenokkerzeel où ses proches lui rendent visite tous les deux jours.

rtbf.be

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