Activiste environnementale, Fatoumata Cherif est initiatrice et coordinatrice de la campagne Selfie Déchet. Elle est accompagnée par des jeunes et d’organisations de la société civile, pour assainir la ville de Conakry. Ils ont débuté par des selfies, des prises de photos devant des ordures partout où chacun pouvait le faire, afin de sensibiliser, mais aussi de répertorier les lieux insalubres de Conakry. En pratique, ils commencent l’assainissement par le centre ville, où des poubelles sont à ciel ouvert, avec la synergie Tombo Propre.
Selfie Déchet, est une opération de lutte contre l’insalubrité qui passe par l’information, la sensibilisation, le plaidoyer et des actions d’assainissement. L’opération a débuté en novembre dernier.
« Nettoyer la ville de Conakry est un combat de longue halène. Je me suis dit, il faut informer le citoyen sur son rôle et susciter son attention aussi sur sa responsabilité, mais aussi sur les conséquences que peuvent avoir les déchets sur sa propre santé d’abord. On est passé par des selfies pour faire une sensibilisation par image. Ça passe par des enquêtes sur le terrain, » explique Fatoumata Cherif.
Causes et solutions de l’insalubrité selon l’initiatrice de selfie déchet
« Nous nous sommes dit, pour lutter contre l’insalubrité il faut lutter contre la cause de l’insalubrité. Cette cause c’est souvent le manque de poubelles, dans les quartiers ou les ménages, c’est souvent les problèmes d’accès à ces zones. Il y a des maisons aujourd’hui qui sont collées les unes des autres, lorsque les camions qui prennent les déchets viennent ils n’arrivent pas là-bas. Donc ces personnes sont obligées de mettre les ordures dans la rue. Alors nous nous somme dit d’envisager des solutions, projeter une campagne d’assainissement, qui peut être pérenne, parce que si non quand on nettoie le matin, le soir ça peut être salit. »
Fatoumata Cherif s’est donc lancée avec ses collaborateurs, dans la synergie Tombo Propre, qui est une activité de nettoyage de la plage de Tombo qui est devenue une poubelle, en face d’une école. Selon elle, ce n’est pas une bonne image pour l’éducation guinéenne, que les ordures soient juste en face d’une école, en plus en bordure de mer. Du coup, elle s’est dit qu’elle peut s’impliquer avec la complicité de plusieurs jeunes, d’organisations de la société civile, qui sont engagés pour rétablir l’image de cette ville.
Une campagne qui a des défis à relever, mais Fatoumata Cherif appel à ce que toute la jeunesse guinéenne s’approprie de son initiative, pour arriver à lutter contre l’insalubrité. « Notre campagne ne s’étend pas dans tout Conakry, c’est sectorielle d’abord, car le faire dans toute la capitale demande non seulement une ressource humaine, en même temps les ressources matérielles et nous le faisons sous fond propre. On travail avec des volontaires, on passe aussi par les medias sociaux qui sont de nos jours beaucoup écoutés, » a-t-elle signalé.
Ces activistes disent avoir l’intention d’aller dans toutes les communes, ils affirment avoir détecté beaucoup d’endroits insalubres visibles. Avec leur engagement ils promettent de pouvoir étaler la campagne sur tout Conakry, pourquoi pas sur toute la Guinée? Se demandent-ils. « L’idée n’est pas que nous fassions tout, nous voulons que ça soit une appropriation, c’est-à-dire si nous on a fait Tombo Propre, on ne se gênerait pas de voir des jeunes de Matoto se mettre en groupe, de faire une opération Matoto Propre, pourquoi pas ? Ne pas attendre que les autorités nous accompagnent, ce sont les citoyens surtout qui peuvent changer leur pays, » dixit Fatoumata Cherif.
Fatoumata profite de sa campagne d’assainissement, pour appeler les autres femmes à l’implication
« Il faut que les femmes se bougent un peu, il faut que les femmes n’attendent pas qu’on les fasse participer, qu’elles en soient actrices, qu’elles coordonnent les choses, c’est possible.
A l’occasion du mois de la femme, je demande à toutes de s’être engagées pour le développement.
Je coordonne une autre campagne qui s’appel Femme Vision 2030, qui vise à la vulgarisation des objectifs du développement durable. Parmi ces objectifs, il y a assez de composantes jeunes et femmes, mais il faut que les femmes les connaissent et se les approprient pour lutter contre ces tars. Pour combattre quelque chose ou se battre pour gagner une chose, il faut connaitre le sens. Nous faisons des campagnes de sensibilisation partout, dans ce sens, nous le faisons depuis l’école pour informer les jeunes ».
Parmi les volontaires à l’assainissement de ce samedi 04 mars qui est la deuxième journée de Tombo Propre, des femmes engagées y étaient, c’est le cas de Dr Diaka Sidibé chef de département à l’université Roi Mohamed VI. Elle a rejoint l’opération Tombo Propre, pour, « faire mon devoir de citoyen, enlever toute casquette d’appartenance socioculturelle. J’accompagne Cherif en tant que femme, parce qu’il faut ça, se soutenir mutuellement, » affirme-t-elle.
Aminata Diallo