Trois jeunes femmes guinéennes, trois parcours différents pour une même aspiration

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Elles sont toutes des  jeunes  engagées et ambitieuses. La vingtaine, elles ont quelque chose de commun : le journalisme. Elles ont également des histoires émouvantes qui ont marqué leur vie. Et réussir est la seule chose qui les anime. La lutte qu’elles mènent, est de prouver les valeurs de la femme guinéenne.

Tida Dioubaté
Tida Dioubaté

Tida Kaba  Dioubaté, le rêve du journalisme 

Le journalisme est le métier qu’elle a choisi. Depuis son tendre enfance, elle caressait le rêve de devenir  une femme du micro.  Native de Kankan, c’est là que Tida a fait  ses études primaires. Très jeune, elle perd  son papa : « J’avais treize ans, lorsque mon papa est décédé » rappelle-t-elle.

Orpheline, elle rejoint sa sœur à Conakry, après avoir obtenu son Certificat d’Etudes Primaire (CEP). Sept ans après, Dioubaté  revient dans sa ville natale. Cette fois ci,  c’est pour poursuivre ses études supérieures à l’Université Julius Nyerere de Kankan. Le département Archives, est l’option qu’elle a choisi.

A la fin de ses études en 2014, Tida Dioubaté décide de faire aventure en journalisme.  « A l’université, nous avions des matières qui étaient très liées au journalisme. Et c’est là  j’ai décidé qui je vais devenir après les études, » révèle-t-elle.

Elle est d’abord devenue archiviste puis caissière dans une radio de la place, avant de commencer l’animation, le reportage et la présentation du journal.

Ses premiers pas dans ce métier n’ont pas été faciles. Comme dans tout métier, Tida Dioubaté a eu des difficultés pour s’adapter. « J’avais  peur de ne pas faire des erreurs à l’antenne et que je sois décriée par  les auditeurs. C’était ma première fois de parler au micro, » lance Tida avec un sourire.

Par son courage et sa force, Tida a  obtenu son  vœu. Ce métier, elle  ne l’a pas appris dans une école, mais elle s’est formée au jour le jour. «J’ai suivi des formations en journalisme et j’ai eu beaucoup de notions ».

Aujourd’hui, Dioubaté est présentatrice de télé à Kankan. Et une pratique qui lui va bien parce qu’elle manie le style à sa guise.

Tida Dioubaté est mariée et mère d’une fille. Le ménage, le studio et le terrain, ne sont pas un frein pour l’évolution normale de son activité.  Soutenue par son mari, elle sait gérer le tout à la fois. « C’est facile pour moi, il faut le courage. J’adore mon métier et je me planifie à la maison,» explique-t-elle.

Tida Dioubaté est toute heureuse à Kankan et c’est avec des mots bien choisis qu’elle l’exprime,  «  Kankan m’a tout donné : un boulot, un mari et un enfant. C’est ici que j’ai eu mon bonheur».

Nostalgique, Tida se sent triste à chaque fois qu’elle jette un regard sur son défunt père. « Je pleure toujours mon père et je l’aimais vraiment, » affirme-t-elle toute triste.

Elle aime souvent, la lecture, copier  le style des autres présentatrices pour créer son propre style, « j’aime manipuler l’ordinateur, aller sur youtube voir les présentations des autres  avec mon téléphone ».

À 25 ans, ses ambitions sont nombreuses et elle vise loin pour être une grande personnalité à l’image de certaines femmes journalistes.

Aminata Koulibaly
Aminata Koulibaly

Aminata Koulibaly, la voix  citoyenne

Étudiante en Sciences du langage à l’Université de Kankan, Aminata associe études et journalisme. Parce que le métier de journalisme est sa passion depuis toute petite. Son enfance à été pénible. Une période à laquelle Aminata ignorait tout de ce monde.  « Je n’ai pas bien fait mon enfance. Mon père et ma mère se sont très tôt séparés alors que j’étais petite, » se souvient-elle.

Elle a grandi avec sa grand-mère à Conakry, où elle a passé une grande partie de son cursus scolaire. C’est même cette grand-mère, qui l’a conseillé de faire le journalisme. La raison, elle a le verbe facile. Aminata est orpheline de mère depuis 2015. Son retour à Kankan, s’explique par l’agonie de cette dernière qui luttait contre une maladie qui a fini par l’emporter. Pour effacer cette amertume, elle reste positive dans tout ce qu’elle entreprend.

Ambitieuse, Aminata veut toujours apprendre et découvrir des nouvelles choses. Depuis deux ans, elle réveille les citoyens de Kankan avec « COCORICO », son émission de la matinale. Elle est devenue l’alarme des gens. « Ce n’est pas seulement déranger mais aussi c’est d’encourager les gens à se lever très tôt, » lance-t-elle avec un soupire.

Cette émission, fait d’Aminata une étoile. Au travail, au marché, dans les cafés, elle est écoutée et même en classe, certains élèves interviennent dans ses émissions.

À 23 ans, Aminata est désormais celle qui porte haut, la voix des autres. « Informer les gens et être l’intermédiaire entre les gouvernants et les gouvernés est mon objectif, » insiste-t-elle.

À travers le journalisme, elle représente dignement la couche féminine. Courageuse et déterminée, le ménage est une chose qu’elle aime faire. La musique aux rythmes variés est également l’un de ses goûts, surtout quand elle est seule. «  De fois, je n’aime pas trop parler avec les gens. La musique seule me suffit, » nous laisse entendre la jeune journaliste.

Avec son statut de célibat, elle porte déjà quelqu’un dans son cœur, son prétendant.

L’amour maternelle lui manque à un moment où sa présence était nécessaire. Tout de même, Aminata Koulibaly rêve aller loin dans cette carrière journalistique, dans laquelle elle souhaite porter loin le flambeau guinéen.

Aissatou Barry
Aissatou Barry

Aïssatou Barry, une force croissante 

« J’ai eu l’amour pour le journalisme et j’ai accepté  de me former pour faire mes preuves dans ce métier ».

Titulaire d’une licence en Génie de l’environnement, Aïssatou a fait du journalisme son quotidien.

Victime d’une enfance malheureuse, elle est la benjamine d’une famille de cinq membres. « À deux ans, j’ai perdu mon papa. Vu les charges qu’incombe ma mère, elle m’a envoyé en adoption,» souligne t-elle.

En 1999, Aïssatou Barry part à Kouroussa alors qu’elle n’avait que huit ans. Là-bas, la jeune orpheline fera le reste de son cycle primaire et le collège. Elle arrive à Conakry, huit ans plus tard pour poursuivre ses études au lycée. À l’obtention de son bac, elle se retrouve au Centre universitaire de N’Zérékoré pour continuer ses études supérieures en sciences de l’environnement.

Après ses études en 2012, elle prend la direction de Kankan, sa ville natale. Deux ans après, Aïssatou entame sa première expérience en radio.  Aujourd’hui, elle est journaliste reporter d’images (JRI)  d’une télévision de la place.  « Tout ce qu’on aime, on arrive à réussir. Malgré le fait que je n’ai pas fait le journalisme à l’école, dans la vie courante  j’ai réussi à le pratiquer ».

Mariée, Aïssatou est mère d’un enfant. Parfois, elle rencontre des difficultés dans son foyer, auxquelles elle réussit à palier. Exercer le journalisme en tant que mère n’est pas aisé selon elle.

Pour sa réussite, c’est une proche de la famille qui lui porte secours. « Avec un enfant seulement, c’est un fardeau. Si je réussi dans ce métier, c’est quelqu’un qui se sacrifie pour moi. Être sur le terrain avec mon enfant, je ne peux pas, » estime Aïssatou Barry.

Loin des contraintes du foyer, cette jeune mère n’a rien à regretter dans le monde des médias. « Il faut le reconnaître, il n’y a pas grand-chose dans ce métier comme bien matériel mais le bien intellectuel je l’ai, »  a-t-elle mentionné.

Originaire du Fouta-Djalon, ses idées mûris par des pensées positives, fait d’Aïssatou Barry, une femme sage. Habitée par la rigueur, la volonté et le courage, être journaliste sans frontière est le plus grand désir qu’elle veut réaliser. «  Je veux aller au delà des frontières de la Guinée, réaliser des reportages, des interviews et des magazines. Apparaître dans ces vidéos en tant que guinéenne qui fait la fierté de la Guinée hors de ses frontières ».

À 25 ans déjà, Aïssatou Barry aime voyager. La honte, l’humiliation et la paresse, sont des choses qu’elle déteste.

Mamadou  Yacine DIALLO  &  Mohamed DIAWARA

 

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