Silence, elles excisent dans des maisons à Conakry !l

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La Guinée est l’un des pays qui pratiquent le plus l’excision. D’ailleurs, selon excisionparlonsen.org, il arrive en deuxième position après la somalie avec un taux de prévalence de 96%. Cette pratique se fait majoritairement pendant les vacances et par toute la communauté guinéenne, même si c’est un acte interdit par la loi.

Des sages femmes ont certes abandonné la coupure du clitoris des petites filles, mais certaines le font en cachette. C’est le cas d’une exciseuse de quartier qui fait le métier de sage femme au près d’une professionnelle

Cette exciseuse de quartier, est non seulement analphabète mais aussi violeuse d’interdits. Si sa patronne elle, a abandonné l’excision et l’interdit dans sa clinique, Tamari elle, continue l’ablation du clitoris des fillettes dans les maisons des parents de celles-ci.

Accompagnée des mamans de quatre filles dont les âges varient de cinq à six ans, Tamari vient avec son matériel et s’installe dans le salon de la grand-mère de ces filles qui est déjà à la Mecque pour son pèlerinage.  Une grand-mère qui encourage bien l’excision.

Alors ces femmes, mères et tantes des fillettes, ainsi que la fameuse exciseuse qui effraie déjà ces petites, se cachent dans cette grande cour, les unes aux aguets, les autres à l’attaque. Elles passent à l’acte, coupent les filles, se félicitent de voir leurs enfants « devenir propre maintenant ». Gare à quelqu’un de leur dire d’arrêter cette pratique qui est interdite et qui nuit à la santé de la femme ! Elles te répondent à tour de rôle : « tu n’as pas été excisée toi ? » ; « qui osera nous enfermer ? » ; « c’est une pratique qu’on a trouvé avec nos ancêtres » ; « on t’a amené à l’école pour au finish contredire ta tradition ? » ; «  la justice guinéenne a beaucoup de dossiers plus lourds que l’excision, ils n’ont qu’à régler ceux ci d’abord », des répliques du genre.

Mais est ce que ces femmes savent ce que disent ces articles de la loi guinéenne ?

L’article 258 dit ceci, selon Maitre Bamba Emanuel, président de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme, LIGUIDHO. «  Les mutilations génitales féminines s’entendent de toute ablation partielle ou totale des organes génitaux des jeunes filles ou des femmes ou toutes autres opérations concernant ces organes. Toutes les formes de mutilations génitales féminines pratiquées par toute personne quelle que soit sa qualité, sont interdites en République de Guinée, notamment : l’ablation partielle ou totale du gland du clitoris ; l’ablation des petites ou des grandes lèvres ;  l’infibulation qui consiste à coudre les petites ou les grandes lèvres pour ne laisser que le méat ».

Un autre article qui est le 259, dit que quiconque, par des méthodes traditionnelles ou modernes, pratique ou favorise les mutilations génitales féminines ou y participe, se rend coupable de violences volontaires sur la personne de l’excisée. Tout acte de cette nature est puni d’un emprisonnement de 3 mois à 2 ans et d’une amende de 500.000 à 2.000.000 de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement. S’il y a eu préméditation ou guet-apens, l’emprisonnement est de 2 à 5 ans et l’amende de 1.000.000 à 3.000.000 de francs guinéens. Les ascendants ou toutes autres personnes ayant autorité sur l’enfant ou en ayant la garde, qui ont autorisé ou favorisé la mutilation génitale féminine, sont punies des mêmes peines que les auteurs. La peine maximale est appliquée, lorsque les mutilations génitales féminines sont pratiquées dans une structure sanitaire publique ou privée et favorisée par une personne relevant du corps paramédical ou médical, notamment les médecins, les infirmiers, sages-femmes, les agents techniques de santé.

L’article 260, toujours d’après Maitre Bamba, précise que, « lorsque la mutilation génitale féminine a entraîné une infirmité, les auteurs sont punis de la réclusion criminelle de 5 à 10 ans et d’une amende de 1.000.000 à 3.000.000 de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement ».

En fin, l’article 261 stipule, que lorsque la mort de la victime s’en est suivie, les auteurs sont punis de la réclusion criminelle de 5 à 20 ans.

Est ce que ces articles sont-ils  utilisés par celles et ceux qui sensibilisent, ou appliqués par la justice pour punir les coupables?

Aminata Diallo

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