Amoureuse de l’écriture, libre en écrivant, Fatou Mata est une guinéenne qui veut dénoncer, soigner par la plume. Elle s’exprime sur tas de sujets concernants la femme, notamment sur la sexualité. Lisez son texte ci, que nous avons préféré appeler billet!
« Bonjour le sujet du jour ne sera pas facile pour beaucoup de personnes, car il risque de créer un malaise profond par rapport à ce que beaucoup assument ou n’assument pas.
Je vous préviens tout de suite, je ne veux pas faire l’apologie de la dépravation des mœurs et des valeurs tant chers à l’Afrique, donc à la Guinée.
Ma démarche comme toutes les fois où j’écris sur un sujet sensible et difficile de discussion, est de sortir les personnes de leur frustration interne et libérer la parole grandement.
Nous sommes 2020, n’eût été le cynisme et l’hypocrisie des uns et des autres envers eux mêmes, on devrait être libre de discuter sans tabou autour de sujets étouffés depuis des siècles et des siècles. La liberté sexuelle.
L’intro est longue et les défenseurs de la religion et des valeurs familiales traditionnelles et anachroniques sont attendus avec impatience aussi. Je suis ouverte à la discussion. Que disons-nous de « ça »?
Voici comment la sexualité se discute chez nous en Afrique, pour la femme, pour l’homme, au regard du monde? Tabou, tabou, tabou!
Nous vivons une époque où nos actes, notre libido et nos fréquentations s’inspirent du modèle occidental pourtant et de plus en plus. Donc grâce aux infos que nous apprenons à propos de la féminité, le corps de la femme, celui de l’homme et les moyens de donner du plaisir, par les méthodes et les études scientifiques, nous sommes portés à essayer plus de choses.
« Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile, être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile… » vous vous rappelez de cette chanson?
L’Africaine dont je vous parlerai c’est une femme libérée. Ok vous avez le droit de dire que la femme africaine libérée c’est sans doute celle qui a fait l’école, se bat dans son quotidien et subvient personnellement à ses besoins. C’est cela la femme africaine libérée. Mais ça ne s’arrête pas à cette acception.
La femme africaine libérée c’est aussi et surtout celle qui assume, étude ou pas, sa libido, son orientation sexuelle, qui elle fréquente et à quel moment elle veut le faire!
C’est super IMPORTANT le moment. Pourquoi? Parce que tout simplement avant cette ère, une date de péremption était apposée à son utilité sexuelle et à son usage. En plus claire elle expirait sans atteindre la maturité physique. Elle etait rapidement donnée en mariage, faisait rapidement ses enfants et s’occupait de la libido de son homme avec le concours de la co-épouse. Cest ce qui importait fondamentalement.
La femme africaine libérée au sens de ce texte a sans doute la vingtaine minimum, est « celibataire » officiellement (situation matrimoniale), a un boulot ou est étudiante, fréquente quelqu’un , a une activité sexuelle intense et vis sa plus belle vie. Il y a des hauts et des bas bien entendu, mais elle enjoy sa putain de life!
Le seul hic, et là j’en viens aux faits c’est qu’elle ne peut pas montrer au monde son bonheur. IMPOSSIBLE! C’est une pute! C’est dit! En Afrique, lorsqu’on a l’audace d’assumer sa vie et ses actes, on veut séduire, mettons l’accent sur nos atouts suggestifs, nous affichons avec des gens, organisons des voyages et osons dire que nous ne sommes pas encore casées, on devient des putes des inclassables. Cela m’amène aux problématiques suivantes: Une femme celibataire peut elle avoir une vie sexuelle épanouie, sans tabou, dépendre d’elle uniquement, être fréquentable et non étiquetée ?
En plus claire ai-je le droit de coucher , de montrer que je couche , être responsable sans qu’on ne ramène ça à la dégringolade des moeurs ? Ai-je le droit d’avoir une vie sexuelle et l’assumer ?
En quoi etre sexuellement active entache sur mon sérieux, mon sens de la responsabilité, ma productivité et ma participation aux prises de décisions etc?
J’ai envie de vous dire qu’en Europe, avoir un plan cul, le crier au monde, poursuivre sa life, c’est-à dire-aller au boulot , en soirée, et rentrer chez soi, c’est presque la normalité. Les débats ne se situent absolument plus sur qui fait la « pute » ou pas! Le bonheur passe essentiellement par une vie sexuelle épanouie, celibatiare ou pas.
Vous me direz « Fatou , tu nous parles choses qu’on fait en Europe, ici c’est l’Afrique, ici c’est la Guinée; on a des valeurs, il ne faut pas que nous les perdions; la femme c’est sacrée, son corps aussi, et blablabla… ». J’aurais envie de vous répondre et je le clame haut et fort que, non en faite. Les valeurs existent bien entendu, mais la « dépravation » que vous allez pointer du doigt est tout aussi encrée dans nos moeurs, encore pire qu’en Europe, à la seule différence près, nous ne l’assumons pas totalement en Afrique car nous tenons à préserver l’idéal de femmes et d’hommes parfaits pour pas niquer la conduite des générations futures. Je ne comprends pas. Les seules à assumer ce dont je parle sont des influenceuses africaines à l’image de Coco Emilia ou Emma Lohoues, qu’on traite de putes de luxe, qui pourtant ont une faculté d’entrepreneuriat business hors du commun et réussissent à faire de l’argent par leur propres efforts! Pour le reste du commun peuple, on assume rien.
Ça induit quoi? Une fille indépendante pourrait vivre librement sa vie mais avoir l’interdiction de le montrer parce que jugée, guetée, étiquetée… Bonjour la frustration! Ne pas pouvoir être qui on est réellement, c’est frustrant…
Le sexe c’est censé pouvoir rendre heureux, pas le contraire! On peut avoir une vie sexuelle intense, en toute responsabilité sans qu’on ne ramène cela à de la dépravation surtout lorsqu’on est célibataire… Je m’arrête là. »
Elle s’arrête donc là, espérons la relire très bientôt sur un autre sujet!