Ce 7 mars 2025, en prélude à la Journée Internationale des Droits des Femmes du 8 mars, l’ONG Global Alliance for Health and Education (AGEH) a organisé une conférence de sensibilisation sur le cancer du col de l’utérus au lycée 2 octobre de Conakry. Cette conférence, ayant pour thème “Cancer du col de l’utérus : État des lieux, obstacles et perspectives en Guinée”, a permis de mettre en lumière les enjeux dramatiques liés à cette pathologie en Guinée et dans le monde.
L’objectif principal de cette rencontre était d’informer le public sur le dépistage précoce du cancer du col de l’utérus afin de réduire sa prévalence et de promouvoir une prise en charge rapide. Les statistiques présentées lors de la conférence ont révélé des chiffres alarmants concernant l’impact de cette maladie, particulièrement dans les pays en développement. En 2022, le cancer du col de l’utérus a causé près de 660 000 nouveaux cas dans le monde, avec plus de 360 000 décès, dont 75% sont survenus dans des pays pauvres. En Guinée, ce type de cancer est devenu le plus fréquent. Selon les dernières statistiques de 2022, on a recensé 2 551 nouveaux cas et plus de 1 500 décès liés à ce cancer, soulignant son statut de problème majeur de santé publique dans le pays.
Lors de la conférence, Dr Saran Kaba, médecin spécialiste en santé publique et présidente exécutive de l’ONG Global Alliance for Health and Education, a exprimé la gravité de la situation : « Le cancer du col de l’utérus est un cancer très fréquent, mais autour duquel il n’y a pas assez de communication. C’est un cancer qui fait des ravages, que ce soit en Guinée ou dans la sous-région. Donc c’est pourquoi notre organisation s’est dit qu’il faudrait qu’on se tourne vers ce problème de santé publique afin de donner plus d’informations. »
Elle a également souligné qu’il existe des moyens de prévention pour lutter contre cette maladie. « Selon le directeur général de l’OMS, il existe tous les moyens pour combattre ce cancer, à savoir la vaccination, le dépistage précoce et les moyens de traitement. Et ce qui est rare pour les autres cancers. Donc on a tous les moyens pour le combattre. Pourquoi ne pas le combattre afin de l’éradiquer complètement de la Guinée ? » a insisté Dr Kaba.
Les experts présents à la conférence ont également mis en évidence les principaux facteurs de risque du cancer du col de l’utérus. Mamady Keïta, enseignant-chercheur à la faculté de médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry et cancérologue, a rappelé que « le cancer du col de l’utérus est un cancer qui est induit par un virus, appelé le papillomavirus. » Il a aussi mentionné que des facteurs comme « l’immunodépression, la consommation de tabac, la multiplicité des partenaires et les rapports sexuels précoces et non protégés augmentent les risques.», a-t-il souligné.
L’importance de la sensibilisation auprès de la jeunesse a également été mise en avant, comme l’a exprimé Pierre Bilivogui, un élève de 11e année : « Je viens de suivre cette conférence concernant le col de l’utérus. Avant, je ne connaissais pas ça, mais grâce à cette conférence, j’ai eu plus de notions dessus. De cette façon je peux aussi sensibiliser pour prévenir aussi la population et les jeunes guinéens. »
Selon Dr Saran, la Guinée commence à mettre en place des initiatives pour lutter contre ce fléau. Des centres de dépistage gratuits se multiplient à travers le pays, soutenus par le Programme National de Lutte contre le Cancer. Parallèlement, le ministère de la Santé travaille sur l’introduction du vaccin contre le HPV pour les filles de 9 à 14 ans, une démarche qui pourrait grandement contribuer à la prévention de ce cancer.
Hawa Soumah